La Banque centrale européenne (BCE), autrefois considérée que les stablecoins associés à l’euro étaient illiquides et risqués. Cependant, elle a révisé sa position, voyant désormais ces actifs numériques comme un outil stratégique pour défendre l’indépendance monétaire de l’Europe. Dans un article de blog du 28 juillet, Jürgen Schaaf, conseiller auprès du conseil exécutif de la BCE, a averti que sans réponse stratégique efficace, la souveraineté monétaire et la stabilité financière de l’Europe pourraient être menacées, étant donné la portée mondiale des stablecoins adossés au dollar américain.
Galvanisé par la législation américaine
Le changement de position de la BCE intervient quelques semaines après l’adoption de la loi GENIUS aux États-Unis, établissant un cadre fédéral pour les stablecoins. Schaaf a défini cette loi comme étant plus indulgente sur certains aspects que le règlement MiCA de l’Europe. Il a fait référence à des études de marché prévoyant une croissance exponentielle de l’offre de stablecoins, passant de 230 milliards USD en 2025 à 2 trillions USD d’ici 2028. Cette expansion pourrait poser un défi direct à la position de l’euro sur le marché financier mondial.
Risque pour le contrôle monétaire
La BCE a mis en garde contre les implications potentielles si les stablecoins en dollars américains devenaient populaires dans la zone euro. Cela pourrait prendre la forme de paiements, d’épargnes ou de règlements. La maîtrise de la BCE sur les conditions monétaires pourrait être compromise. De plus, les stablecoins adossés au dollar, qui sont incorporés par des entreprises comme Visa, Mastercard et les grandes entreprises technologiques américaines, sont susceptibles de rivaliser directement avec les instruments basés sur l’euro dans les transactions transfrontalières.
Points de vue partagés
Le point de vue de la banque centrale a été reflété dans un article de recherche de 2022 qui a révélé que les pièces basées sur l’euro étaient moins liquides, souvent vendues de manière similaire à des actifs risqués plutôt que de fonctionner comme un véhicule dans les transactions et échanges numériques. Cette recherche a également conclu que les stablecoins ne devraient pas être considérés comme une nouvelle classe d’actifs sûrs, mais comme un crypto-actif moins volatil mais risqué.
Reconnaître le rôle du secteur privé
Cependant, la banque semble reconnaître le rôle potentiel des solutions du secteur privé, à côté de son initiative principale pour l’euro numérique. La banque affirme que le projet d’euro numérique de l’Eurosystème, entremêlé avec les innovations du secteur privé, sont des éléments complémentaires dans une stratégie européenne plus large de paiements numériques.
Point de vue de BlackRock
Selon un rapport récent de BlackRock, la nouvelle législation américaine consolide le rôle des stablecoins comme mode de paiement. La société de gestion d’actifs de premier plan a également souligné que la loi GENIUS constituait un tournant significatif, soulignant son focus sur les stablecoins en tant qu’outils de paiement plutôt que des actifs. Une telle réglementation pourrait davantage établir la domination du dollar en facilitant un écosystème tokenisé basé sur le dollar américain pour les paiements internationaux. Parallèlement, le marché des stablecoins a grimpé à 260 milliards USD en 2025, contre moins de 10 milliards USD en 2020, représentant désormais environ 7% du marché total des cryptomonnaies.
Marché des stablecoins adossés à l’euro
Cependant, le marché des stablecoins adossés à l’euro reste relativement petit par rapport à son homologue américain. Selon les données de CoinGecko, les stablecoins en euros ont une capitalisation boursière collective de seulement 487 millions USD, une portion minuscule des 267,8 milliards USD détenus par les stablecoins adossés au dollar. Au moment de l’écriture, le EURC de Circle mène la cohorte euro avec une capitalisation boursière de 210 millions USD, représentant près de la moitié de l’ensemble du secteur.